«Les lecteurs de l’Humanité ont déjà eu l’occasion de voir quelques-unes de ses photographies à
l’occasion de la publication de reportages réalisés à Calais ou sur l’Aquarius, le navire de SOSMéditerranée. Depuis quatre ans, sur les îles Grecques à quelques miles marins des côtes turques,
dans les ghettos Marocains, sur la route des balkans, au sud de l’Italie comme au large des côtes
libyennes et même en France, à Calais ou dans la vallée transfrontalière de la Roya, Isabelle Serro
arpente tous les lieux où se joue le drame humanitaire des exilés. A chaque endroit, elle prend le
temps de rester parfois plusieurs mois, de vivre avec ceux qui fuient, ceux qui leur tendent la main,
les photographie et les filme.
De cette expérience au long court, est né le dimanche 14 janvier en
avant-première, son film «Passeurs d’humanité». Son documentaire, pétri d’humanité, donne des
visages à ces milliers d’exilés anonymes qui tentent désespérément de trouver refuge en Europe
et à ceux qui quotidiennement, dans l’ombre, leur portent secours.
Cette humanité pleine de vie est présente tout au long du film d’Isabelle Serro, au-travers de ceux
qui, sur chaque zone où elle se rend, refusent les bras ouverts la logique du rejet qui anime les
dirigeants européens. La photo- cinéaste, en rencontre tout au long de son parcours. Lorsqu’elle
retourne à Calais au moment du démantèlement de la «Jungle ». Quand elle part séjourner dans le
ghetto de Belgrade, tandis que les pays d’Europe centrale ferment leurs frontières. Où encore, en Italie, lorsqu’elle revient, l’été dernier, rendre visite à ceux qu’elle avait rencontrés un an plus tôt au
large de Tripoli. Elle leur avait promis.
En 2015, Jean-Paul Mari, ancien grand reporter et Franck Dhelens, réalisateur ont été les premiers
journalistes à sortir un film tourné à bord de l’Aquarius. il se nommait «Les migrants ne savent pas
nager.» Isabelle Serro, lorsqu’elle retrouve en Calabre ceux qui ont été sauvés l’été précédent sur
ce même bateau, passe plusieurs semaines avec eux sur la plage et leur apprend à nager.
La dernière étape de ce périple de quatre ans aboutie finalement à la frontière franco-italienne,
dans la vallée de la Roya, où Isabelle donne la parole à Cédric Herrou, Pierre Alain Mannoni et
d’autres solidaires moins connus… Tous Passeurs d’humanité. »
Extrait de l’article d’Emilien Urbach pour le journal L’Humanité 30 Janvier 2018