Sur le continent africain, la cécité est un véritable fléau, qui atteint plus de six millions de personnes (Sources IRD éditions) . En Ethiopie, l’ophtalmologie est une des disciplines médicales les moins développées. À la frontière soudanaise, dans les zones reculées où vivent les tribus Gumuz, des campagnes médicales et chirurgicales sont menées annuellement par un groupement de fondations humanitaires européennes.
Dans ce pays d’un peu plus de 123 millions d’habitants, beaucoup de personnes ne reçoivent pas de traitement ophtalmologique à temps et finissent par perdre complètement la vue. La cécité, en raison de la privation sensorielle, entraîne des difficultés à subvenir aux besoins de la vie quotidienne et contraint souvent les personnes à devoir quitter le village où elles sont marginalisées. Au sein de leur village, ce handicap ne leur permet plus de participer à la vie sociale et d’apporter ainsi leur contribution nécessaire à la communauté. Le repli sur soi, le rejet de la tribu, font que perdre la vue en brousse, c’est perdre rapidement la vie !
Les ophtalmologues humanitaires se rendent en brousse, dans les différentes tribus Gumuz, pour tenter d’identifier les personnes nécessitants des soins oculaires. Une grande majorité de ces personnes n’a jamais quitté le village et c’est après plusieurs heures de négociation et mise en confiance, qu’elles accepteront pour certaines d’entres elles, de monter à bord du véhicule qui les emportera dans la clinique de brousse à plusieurs heures de là. Sur place et durant toute cette campagne annuelle, le docteur Zadic, éthiopien volontaire et seul chirurgien ophtalmologue en pédiatrie dans son pays, procédera aux différentes interventions. Il opère l’un après l’autre, pendant plusieurs heures, chaque jour, l’ensemble des patients, sous une chaleur avoisinant la plupart du temps les 45°C, avec les pannes d’électricité récurrentes.
Aujourd’hui, on sait que 80% de cette cécité est évitable, comme celle due à des maladies infectieuses de l’enfance( trachome, rougeole, conjonctivite gonococcie) ou des carences alimentaires (avitaminose A). De nombreuses cécités sont également curables, comme celles dues aux cataractes.
La faible immunité de la population éthiopienne, conjuguée à des épidémies concomitantes, des conflits, des déplacements forcés et d’autres crises humanitaires, perturbent les prises en charge qui pourraient contribuer à une diminution significative de personnes atteintes de cécité.
Pour ce genre de reportage, l’accent est mis sur l’adaptation, la patience, la flexibilité et la discrétion, des qualités indispensables pour témoigner au plus près de la réalité qui se joue en pleine brousse.
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