Les Magiciens de l’Aluminium

Dépasser les préjugés pour atteindre l’inattendu.

     La communauté copte de Mansheyet Nasser Elzabalen compte environ 27 000 individus. Chassés du Caire, ils se sont installés il y a une cinquantaine d’année à la périphérie de la capitale Egyptienne où ils ont su mettre en place une véritable économie parallèle. Exclue et méconnue des égyptiens eux-mêmes qui l’associent à une dangereuse population, cette communauté copte ne bénéficie d’aucune forme de reconnaissance ou d’aide de la part du gouvernement. Lors du montage de ce reportage, le premier obstacle auquel j’ai été confronté, a été, l’impact négatif des préjugés par la population égyptienne sur cette communauté copte. C’est le temps passé et le fait de dormir sur place,  qui m’ont permis de rentrer dans cette intimité. Sans cette intégration, je serai sans doute passée à côté de cette magie insoupçonnée.

     Toute l’activité de cette communauté tourne autour de la collecte des déchets du Caire, immense voisine de 20 millions d’habitants. A partir des ramassages quotidiens, une vaste organisation gérée par l’ensemble des familles, sélectionne les déchets avant de les rediriger vers un système interne de recyclage, où chaque type de déchet est retravaillé pour leur donner un second souffle.

     C’est au sein de cette immense ruche que j’ai découvert un univers encore non exploré : Celui des « Magiciens de l’Aluminium » ! Spécialisés dans le recyclage unique des canettes de soda de la capitale égyptienne, ils fondent ces objets devenus inutiles et anodins pour obtenir des magnifiques blocs d’aluminium qui sont ensuite vendus à des compagnies égyptiennes ou étrangères.

     Grâce à Moussa jeune magicien de 15 ans, j’ai partagé sur une période de plus de 18 mois le quotidien de cette communauté, et j’ai ainsi pu découvrir ce monde parallèle des Magiciens de l’aluminium.
Mettre en lumière ceux qui font de l’utile à partir de l’inutile, la magie a l’état pur.

     Contre toute attente et malgré des stéréotypes bien ancrés dans les esprits , cette communauté a su extraire des rejets de la capitale grouillante une économie qui est la sienne et pour certain un niveau de vie plus qu’enviable en comparaison avec certains habitants du Caire !

     À la nuit tombée, après une journée de labeur et malgré les coupures d’électricité quotidiennes qui n’épargnent aucun égyptien, on étudie à la lumière d’une bougie le français, et ce dans la plus grande ignorance de millions de citadins qui vivent tout à côté.